Il a eu beaucoup de succès, pas mal de critiques, et finalement il n’est plus pratiqué tel qu’on l’avait préconisé. Sagement, les entraîneurs l’ont édulcoré pour en prendre l’idée sans en garder la rigueur.
Comment le présentait-on ?
Le principe est simple, mais, une fois de plus, il fallait y penser !
- Principe :
Ce qu’il faut d’abord savoir
Les muscles consomment des quantités importantes de glucose. Ce glucose (carburant) est stocké dans les fibres elles-mêmes, mais sous forme de glycogène, c’est à dire d’un très grand nombre de glucoses accrochés entre eux, qu’il a fallu relier les uns aux autres, et qu’il faudra libérer un par un quand les muscles en auront besoin._(Pour ceux qui auraient des difficultés à comprendre la relation glycogène / glucose, il suffit de comparer le glucose à une perle et le glycogène à une réserve de perles unies entre elles sous forme d’un collier. Il faut fabriquer le collier en enfilant les perles dont on n’a pas besoin tout de suite, puis couper le fil du collier pour récupérer des perles l’une après l’autre dès que cela devient nécessaire. Chaque perle est un glucose et le collier, réserve de perles, est le glycogène musculaire. Il y a aussi une réserve de glycogène en quantité moins importante dans le foie.)_Pour transformer le glucose en glycogène, il faut d’abord qu’il y ait du glucose disponible en quantité suffisante et même excédentaire dans les muscles, et il faut aussi que des enzymes musculaires entrent en action avec la stimulation de certaines hormones naturelles du corps, apportées aux muscles par le sang (sans avoir besoin de dopage)_Pour transformer inversement le glycogène stocké en glucose utilisable, il faut que les muscles aient besoin de glucose. Cette transformation nécessite de façon naturelle comme dans le cas précédent, des enzymes musculaires et des hormones sanguines._Pour un sportif, on peut dire de façon simple qu’au repos une quantité importante de glucose apporté par l’alimentation est transformée en glycogène, et qu’au moment de l’effort c’est l’inverse qui se produit.
L’astuce des scandinaves
Si on oblige un sportif à faire des efforts longs et épuisants, il utilise le glycogène musculaire dont les réserves diminuent. Si on l’alimente en même temps de telle sorte qu’il y ait très peu de glucose dans ses repas, il ne peut pas refaire les réserves de glycogène faute de glucose. Au bout de quelques jours il n’y a plus de glycogène dans ses muscles, et le sportif est épuisé rapidement, il ne peut plus s’entraîner. Il est littéralement affamé._C’est à ce moment-là que l’entraîneur intervient en soumettant le sportif à un entraînement modeste et doux, et en l’alimentant avec des quantités très importantes de glucides. Les muscles vidés de glycogène par manque de glucose, se trouvent d’un coup en situation inverse. Ils reçoivent des quantités énormes de glucose et ils vont se mettre alors à fabriquer du glycogène, mais de façon exagérée, car les enzymes favorables sont devenues hyper actives. C’est comme une éponge pressée au maximum que l’on plonge dans l’eau. Elle se gorge d’eau plus que son précédent contenu. Par conséquent, en quelques jours, travaillant peu et se " goinfrant " de calories glucidiques, les muscles du sportif (ceux dont il se sert) arrivent à emmagasiner jusqu’à soi disant 40 grammes de glycogène par kilo de muscle pour certains auteurs, alors qu’il y en a environ 20 gr par kilo chez le sujet normal. Sans pouvoir affirmer ces valeurs énormes, il est certain en tout cas que le muscle du sportif qui a subi ce régime est beaucoup plus riche en glycogène qu’avant. Et qui dit plus de réserves en glycogène, dit plus de glucose disponible et par conséquent effort plus facile en endurance pour les courses de longue durée. Le muscle ne consommera les graisses que bien plus tard, et la fatigue apparaîtra moins vite.
- En pratique
Nous prendrons un exemple qui est proposé pour un marathonien (Thèse Médecine Frédéric Delalonde, Montpellier 1986) Le marathonien " vaut " 2 h 45 mn. Son dernier entraînement a été réalisé 8 jours avant l’épreuve. A partir de là, les 7ème, 6ème et 5ème jours avant, il continue son entraînement de 15 km par jour avec un régime contenant uniquement des lipides et des protides apportant peu de calories. Il fait enfin une dernière sortie de 25 km à allure modérée pour finir d’épuiser le glycogène qui pourrait encore rester dans ses muscles._On le met alors au régime hyper glucidique et hyper calorique jusqu’à l’épreuve. Il est alimenté avec 75 % environ de sucres lents. Comme effort, il ne fera qu’une sortie de 30 minutes une fois par jour jusqu’au jour de son marathon.
- Remarques
Un tel régime ne pouvait être proposé qu’à des sportifs restant au dessus de 70 % de leur VO2 max. pendant plus de 90 minutes. C’était un régime pour les sports de fond. D’autre part, seuls des athlètes d’un bon niveau peuvent en tirer profit puisque pour des durées moins longues et des efforts moins intenses de sportifs amateurs, sans nécessité de performance, les lipides prennent en temps voulu le relais énergétique des glucides._Pendant la partie épuisante sans apport de glucides, les athlètes ne se sentent pas bien, soufrent de malaises de type faiblesse hypoglycémique, stress psychologique, crampes d’estomac, acidité gastrique et insomnies. Ce régime privatif avec efforts importants est stressant et démoralisant._Pendant la deuxième partie avec apport considérable de calories glucidiques, des troubles digestifs de surcharge alimentaire apparaissent : ballonnements, digestion difficile, pesanteurs abdominales. Comme le glycogène ne peut se stocker qu’avec de l’eau, il faudra conseiller une hydratation importante. L’hypertrophie musculaire par surcharge de glycogène peut provoquer aussi une certaine maladresse dans la coordination musculaire._En réalité, la simple logique permet de comprendre que celui qui a eu toute sa vie un régime alimentaire équilibré, va difficilement supporter de réaliser des efforts sans recevoir de glucides, et juste après ingurgiter des glucides en grande quantité en diminuant les efforts._Un sportif de très haut niveau n’a pas besoin de tels excès et peut très bien se contenter de réduire un peu son entraînement et augmenter la part glucidique de son alimentation trois jours avant la compétition._Pas de régime dissocié scandinave sans surveillance médicale.