Stimulation sympathique et troubles lipidiques
Jean GAUTHIER
Club des Cardiologues du Sport
Expert médical de la Fédération Internationale de Football (FIFA)
Note préliminaire : La contraction des muscles striés, accrochés au squelette, utilisés par le sportif, est volontaire, c’est à dire consciente, dépendante d’une partie du système nerveux dit de la " vie de relation " Par contre, un très grand nombre de fonctions organiques échappent à notre volonté, car elles sont sous la dépendance d’un autre système nerveux dit " autonome " ou encore " végétatif " qui n’obéit pas à la volonté. Ce système nerveux végétatif est composé de deux grands systèmes : sympathique et parasympathique. Tous les organes reçoivent les fibres des deux systèmes. Par exemple, nous ne pouvons pas volontairement dilater ou contracter la pupille, accélérer ou ralentir le cœur, relâcher ou contracter la vésicule biliaire. C’est le rôle du système nerveux autonome. Le sympathique est ainsi responsable de l’accélération de la fréquence cardiaque, le parasympathique au contraire ralentit le cœur. Les nerfs sympathiques ont leur origine dans les ganglions de la corne latérale de la moelle épinière, tout au long des vertèbres. Le système nerveux parasympathique régule le fonctionnement de certains organes comme le cœur, les bronches, l’estomac, l’intestin, la vésicule biliaire, le foie, le pancréas et certaines parties de l’appareil urinaire par un nerf nommé " nerf vague " ou encore X (dix)
STIMULATION SYMPATHIQUE
_(*) note de la rédaction, complément destiné à comprendre le mot précédent Plus le sang est visqueux et plus il a du mal à circuler dans les petits vaisseaux sanguins. Des embolies peuvent se produire. Essayez d’aspirer de l’eau puis de l’huile avec une paille et vous verrez la différence ! Avec un sang trop visqueux, le cœur va se fatiguer pour assurer la circulation.
Elle est mise en jeu lors de l’utilisation des amphétamines et des stimulants des fonctions respiratoires.
_Les amphétamines : _(* un médicament sympathomimétique a une action identique à celle du système nerveux sympathique) Elles ont une action sympathomimétique, avec accélération des cycles cardiaques , pouvant être par ailleurs responsable d’un épuisement rapide des réserves énergétiques .
_Les stimulants des fonctions respiratoires : _Ils stimulent les centres respiratoires pour augmenter l’efficacité des cycles ; ils sont souvent utilisés en aérosols .
_sympathomimétiques : ce sont des bronchodilatateurs et des stimulants du système nerveux central ( éphédrine ).
_théophylline et dérivés : ce sont des bronchodilatateurs ; par leurs effets accélérateurs cardiaques et vasodilatateurs (* dilatation des artères par augmentation du diamètre), ils peuvent augmenter de façon excessive les besoins en oxygène du cœur et provoquer une crise angineuse, (* douleur d’origine cardiaque dite angine de poitrine) en particulier chez des sujets à risque vasculaire.
_béta 2 mimétiques : ce sont des bronchodilatateurs à action brêve ( terbutaline , salbutamol ) ou lente ( salmétérol ) (* les récepteurs alpha et bêta sont des systèmes permettant aux cellules de fixer la noradrénaline du sang et de provoquer une réponse adaptée à ce signal)
_clenbutérol : c’est un bêta 2 mimétique , bronchodilatateur , qui a des effets anabolisants ; il agit par stimulation sympathique des bêta 2 récepteurs , avec hypertrophie de la cellule musculaire squelettique et cardiaque , augmentation de la synthèse des protéines (* formation de muscle), stimulation de la lipolyse (* utilisation des graisses par les muscles), augmentation des dépenses énergétiques.
_Les effets secondaires de la stimulation sympathique :L’activation des récepteurs adrénergiques (* alpha ou bêta) entraîne une élévation de la fréquence cardiaque et une augmentation de la force contractile du myocarde. Les effets secondaires les plus redoutables sont les troubles du rythme , supraventriculaires ou ventriculaires , parfois responsables de morts subites.On constate aussi une hypertension artérielle et , à plus long terme , une hypertrophie ventriculaire ( clenbutérol ) secondairement responsable d’une insuffisance cardiaque.
TROUBLES LIPIDIQUES
_Ils sont régulièrement associés à l’utilisation des anabolisants.
_Anabolisants : _Ils augmentent proportionnellement plus les lipides que les protides , par mobilisation exagérée du cholestérol et des triglycérides , et à un degré moindre , par action directe sur le métabolisme des lipides et sur la disponibilité des tissus de réserve adipeuse.
_Les troubles lipidiques : _baisse du cholestérol HDL _élévation du cholestérol LDL_élévation difficilement réversible du cholestérol total _hyper triglycéridémie _élévation de l’insulino résistance . (* l’insuline est une hormone sécrétée par le pancréas quand la concentration de glucose augmente dans le sang, par exemple après un repas. Elle arrive aux muscles transportée par le sang, elle permet le stockage du glucose dans le foie et l’utilisation du glucose par les cellules c’est à dire la glycolyse) __Les effets secondaires à type d’hypertension artérielle et de troubles lipidique sont responsables de lésions athéromateuses (* dépots de cholestérol dans les artères faisant un bouchon ou athérothrombose), en particulier coronaires . Dans le cas des anabolisants , s’ajoute probablement un effet direct sur la paroi artérielle . Chez le dopé , une dissection coronaire s’ajoute souvent au mécanisme habituel d’athéro-thrombose pour expliquer l’infarctus .(* la paroi de l’artère se divise en lamelles concentriques) La mort subite est fréquente , en cas d’accident coronarien aigu et de trouble du rythme , comme avec la cocaïne.
On a relevé aussi quelques manifestations moins fréquentes : hypotension artérielle , avec les morphiniques , qui provoquent une inhibition sympathique et une stimulation vagale (stimulation du nerf vague, donc stimulation parasympathique), et le cannabis ; collapsus cardio-vasculaire par épuisement rapide des réserves énergétiques avec les amphétamines ; (* le cœur n’a plus la force de se contracter correctement) bradycardie (* ralentissement excessif du pouls) parfois syncopale des morphiniques et des bêta-bloquants ; dépression respiratoire de la codéine , alcaloïde de l’opium utilisé comme antalgique , parfois dépresseur des centres respiratoires favorisant un bronchospasme .(* spasme des bronches gênant la respiration, comme dans la crise d’asthme) Au total , l’hypertension artérielle et les accidents thrombo-emboliques (* dépots de cholestérol qui bouchent les artères) sont les complications les plus fréquentes ; les conditions d’une mort subite sont fréquemment retrouvées ; les effets à moyen et long terme sont fréquents : lésions coronaires et insuffisance cardiaque . C’est souvent à partir de la pathologie fonctionnelle et clinique du terrain ou de la consultation qu’on soupçonne le dopage ; un dépistage précoce permet de mettre en garde et d’informer le sportif sur les risques qu’il court , et de le protéger des complications.