Elodie Menou (Tamarii Punaruu) s’est illustrée au Marathon de Sydney ce dimanche en bouclant la course dans le temps de 3h14’18 ». Elodie détient la 2ème meilleure performance Polynésienne tous temps en 3h12 devant Hina Grepin 3h15 et derrière Sophie Gardon 2h49.Ci dessous, le récit qu’Elodie a Posté.
6h00 du matin dimanche dernier à Sydney. Il fait 10 degrés et le vent souffle à 26 km/h. On va attendre le dernier moment pour quitter l’appartement qui donne pile sur l’arche de départ du marathon ! Sportdej et thé chaud. Et c’est parti. Je suis rapidement glacée par le vent ! On rentre dans les sas. Je ne comprends pas bien ces histoires de chrono : mon temps de Séville en février dernier me place sur la ligne de départ. Autour de moi les élites dont le Kényan Kemboi qui sera le vainqueur du jour et sa compatriote Jeptoo. C’est inespéré alors ne boudons pas notre plaisir. Nous avons le droit de passer la ligne de départ pour nous échauffer. Le coup de pistolet retentit à 7h. Le parcours qui nous attend est sinueux et casse-jambes avec de nombreuses montées. Avec une préparation plus light que pour Séville, le vent et le dénivelé, faire mieux est impossible. 3h15 semblent atteignables. 3h20 confortables. Je vais décider sur les premiers kilomètres. Selon le temps que je perdrais dans les montées.
On attaque direct par un petit effort pour monter sur le Harbour Bridge. Impossible d’apercevoir l’opéra de l’autre côté. On rentre dans le centre-ville. Devant moi, un membre des Village People semble s’être égaré dans la course. Il court avec son casque de chantier et sa ceinture à outils. Il y a des courageux ???? En fait il y a un challenge Guiness World Record du marathonien déguisé. Ok ????. Jusqu’au 25 km, le profil va être difficile. Mais je suis rassurée, le temps de chaque km est correct, montées et descentes se compensent bien. Je suis sur 3h15 pour l’instant même si les deux meneurs d’allure correspondants m’ont doublée. Ils sont plus rapides que le temps qu’ils indiquent. J’ai un doute en les laissant partir mais je ne veux pas prendre de risque. Ils restent à distance plusieurs dizaines de mètres devant. On traverse Hyde Park. J’attends avec impatience le prochain, Centennial Park dans lequel on va tourner un bon moment. Une petite bouffée d’air frais en pleine ville. Même si je n’en n’ai pas vraiment besoin car je ne me réchauffe pas du tout. Entrée du parc au 7e km. Un panneau « Remember you paid for this ». Le parc est immense. J’ai tellement bien mémorisé le plan du parcours que je suis… perdue. On tourne sans arrêt. C’est interminable. Le côté positif c’est qu’on se croise : les 3 futurs vainqueurs hommes viennent de passer. Version sprint lol. Le futur 4e est déjà à leur poursuite. C’est beau ! Les Kényanes et les Éthiopiennes sont des petits bouts de femme, c’est impressionnant de les voir. Quelques joggeurs et cyclistes nous encouragent. Ai-je bien vu un coureur en savates avec une planche de surf jaune sous le bras ? Oui oui… Tiens, l’écart avec les pacers de 3h15 se réduit. Je vais réussir à revenir sur eux et me cacher au milieu du petit groupe à l’abri du vent. Bon c’est bien mais la moyenne chute. Je suis de nouveau perplexe. Finalement je ressors et je continue ma route. Jusqu’à la fin je vais avoir peur de les voir me redoubler ????. On quitte ce beau parc. 21e km. J’attends avec impatience le 25e pour voir mon état et parce que ce sera une longue descente. On y est. Le plus beau km. Un bonheur. 3’30 ???? oups on se recalme très vite ! Car ça regrimpe. On se rapproche du Harbour Bridge. Toujours pas d’opéra en vue. Toute la course j’aurai l’impression qu’ils le déplacent au fur et à mesure. On rentre dans le dur : on bifurque vers la gauche, c’est à dire qu’on s’éloigne de la ligne d’arrivée. Il reste une bonne douzaine de km qui vont nous faire zigzaguer dans la baie, le long des quais, un chantier, des ruelles en montées, un autre pont que j’avais complètement zappé. Un coureur devant moi s’écroule, il crampe et hurle. ???? Je sature. Le parcours est illisible, je ne sais plus où on est. J’attends juste le demi tour qui nous fera reprendre la direction de l’arrivée. Le quartier est plein de restaurants. Tout Sydney est en train de bruncher. Imaginer tout ce que je vais pouvoir manger après ces semaines de « régime marathon » n’est même plus une motivation. Je veux juste que ces montées s’arrêtent ! Ben c’est pas pour tout de suite. Par contre ça y est on revient sur nos pas ! Youhou ! Je serre les dents. Je remonte quelques coureurs régulièrement. C’est dur pour tout le monde. On se reprend le vent de face. Au soleil il fait bon mais les rues à l’ombre restent glaciales. Je compte les km. Je suis toujours sur mon temps. Mais c’est dur, surtout mentalement. Je repense à mes sorties longues à Tahiti qui se sont super bien passées. Certains coureurs marchent. J’avance. L’opéra a définitivement été déplacé hors de Sydney ???? 36e. Enfin un peu de monde sur les bords de la route ! 39e. Je croise mon homme ????. Je n’arrête plus de regarder ma montre. 41e youhouuuuu ! 42e bouhouuuu toujours pas de ligne d’arrivée. Il me faudra attendre un km de plus. 43,1 à ma montre et je ne suis pas la seule ???? C’est pas gentil gentil de me faire ça ????. Arche et chrono en vue. Je vais passer sous 3h15. Quelle délivrance ! Et on est tellement au pied de l’opéra… qu’on ne le voit toujours pas !!!
Bilan : 3h14, 290e sur 2958 finishers, 26e femme sur 766, 2e femme de ma catégorie d’âge ???? dans des conditions de température et de vent qui selon les organisateurs ont rendu impossible de battre le record de l’épreuve. L’aventure continue, en route pour les vacances